Fabrice VINATIER de l’UMR LISAH, INRAE - Benoit PALLAS, UMR LEPSE, INRAE & Thierry LACOMBE, IHEV, Institut Agro
Les régions méditerranéennes sont confrontées à une augmentation spectaculaire de la fréquence et de la gravité des épisodes hydro-climatiques extrêmes. Ces fortes chaleurs, sécheresses, et pluies diluviennes impactent fortement la résilience de nos agroécosystèmes et menacent leur durabilité. Pour faire face, un large éventail d’innovations est possible : l’adoption de pratiques agricoles plus durables, l’utilisation de la diversité génétique intraspécifique (variété résistante), et la biodiversification. Ces solutions pourraient bénéficier conjointement aux systèmes de cultures pérennes méditerranéennes tels que les vignobles ou les vergers. Toutefois, de nombreux questionnements persistent sur les liens entre conditions environnementales, fonctionnement des plantes cultivées et biodiversité associée. Quelles sont réponses des plantes cultivées aux conditions climatiques changeantes ? Quel(s) rôle(s) joue la biodiversité associée dans les mécanismes de résilience des plantes cultivées ? Quels sont les effets des pratiques agriculturales sur la biodiversité associée ?
Lancé en 2021, le projet MOMAC propose de répondre à ces questions et d’étudier les réponses de la plante cultivée et de la biodiversité associée au changement climatique. Pour mener à bien ces études, un dispositif de suivi colocalisé des variables édaphiques, climatiques, phénologiques et taxonomiques a été mis au point. Les réponses de la vigne face au stress hydrique, les cinétiques de développement de la baie de raisin ou les populations végétales, d’oiseaux, chiroptères et arthropodes sont tant de variables suivies et mises en regard des conditions climatiques changeantes.
Conformément aux dynamiques temporelles et spatiales du changement climatique, l’ambition de MOMAC est d’objectiver ces réponses, processus et innovations sur de longues périodes et dans un réseau d’observatoire. L’intégration d’une vision globale du système grâce à des recherches transdisciplinaires (agroécologie, écohydrologie, écophysiologie, etc.) constitue la dernière pierre de cette approche holistique.
Plusieurs dispositifs de suivis autonomes et déportés ont été mis au point et adoptés dans le cadre du projet. Parmi eux, nous pouvons citer la plateforme de phénotypage mobile développée par l’UMR LEPSE et les caméras de suivi de biodiversité à transmission automatisée par l’UMR LISAH.
Les protocoles de suivi de la biodiversité ont été harmonisés et déployés sur les 5 sites du réseau de parcelles MOMAC, dont 4 se situe en Occitanie (bassin versant du Bourdic, vignoble de La Gaillarde, domaine de la Jasse, domaine expérimental de Pech Rouge) et 1 en Provence-Alpes-Côte d’Azur (zone atelier Basse vallée de la Durance).
Finalement MOMAC est avant tout un projet levier, qui a facilité l’intégration des équipes dans des réseaux nationaux de suivi de la biodiversité (Projet Parmenide coordonné par Luc Barbaro, Projet Pl@ntNet appliqué aux suivis floristiques, initiative eLTER) et catalysé de nouveaux projets en cours de montage ou acceptés (Vitifutur, PhenoNewYear, Biodicapt).
MOMAC s’inscrit dans une dynamique d’ouverture et d’accessibilité des données de la recherche. Le site internet du projet, en cours de construction, sera en ce sens un portail de diffusion de données multi-capteurs. Ces données acquises à l’échelle de la parcelle agricole seront à destination des agriculteurs (accès restreint) et aux étudiants de l’Institut Agro Montpellier (données acquises sur parcelle expérimentale).
fabrice.vinatier@inrae.fr