Interview de Laurence Drouard, Directrice de l’Institut de Biologie Moléculaire des Plantes (IBMP), CNRS Strasbourg.
Qu’est-ce qui vous a amenée à travailler dans la génétique des plantes ?
Très certainement le hasard. J’étais intéressée par la biologie des ARN, plus particulièrement du monde des ARN de transfert (molécules clef lors de la synthèse protéique) et de l’évolution. Mon DEA (ex Master 2) m’a amené dans le monde végétal comme modèle d’étude que je ne connaissais pas particulièrement et j’y suis restée !
Vous dirigez actuellement l’Institut de Biologie Moléculaire des Plantes (IBMP). Pouvez-vous nous le présenter en quelques mots ?
Créé en 1987, l’IBMP est une unité propre du CNRS associée à l’université de Strasbourg. Avec environ 160 personnes, l’unité est constituée de 16 équipes de recherche et 5 plateformes technologiques. Les thèmes de recherche abordés englobent l’étude de l’expression des gènes et la régulation des ARN, le métabolisme végétal et la signalisation cellulaire. De nombreuses questions biologiques abordées par les équipes concernent la réponse aux stress biotiques ou abiotiques et l’amélioration de la croissance des plantes. La compréhension de la biodiversité et l’utilisation de plantes non modèles ont également été développées à l’institut au cours des dernières années.
Quels fronts de recherche et/ou d’innovation et/ou verrous voyez-vous pour les années à venir dans le domaine de la génétique des plantes et plus largement de la biologie intégrative ?
La diversité et la biologie des organismes photosynthétiques (plantes terrestres mais aussi algues/microalgues marines par exemple), bien que représentant plus de 80% du vivant, restent encore très mal connue. Les études sur la génétique d’organismes non modèles doivent être amplifiées mais la panoplie d’outils « multidisciplinaires » nécessaires est loin d’être performante, comparée par exemple aux outils développés en système animal, des innovations majeures pourraient lever ces verrous.
Les interactions entre organismes me paraissent également un domaine de recherche qu’il est nécessaire de continuer d’approfondir. La notion « d’holobionte » en tant qu’entité formée par différentes espèces formant une unité écologique est effectivement en plein essor. L’importance des virus n’est plus à démontrer, les populations de microorganismes associés au règne végétal et ses conséquences restent très largement méconnues, les approches haut-débit devraient accélérer leur identification et des approches pluridisciplinaires encore plus innovantes permettre d’en comprendre leurs effets sur le développement végétal et sur la réponse aux stress environnementaux.